Connais-toi toi-même, mais pas trop !

Je reçois régulièrement de nouveaux clients en coaching et suis interpellé par un phénomène dont je souhaite faire part à mon immense auditoire : beaucoup disent bien se connaître et parlent abondamment de leur personnalité… et viennent me voir parce qu’ils se posent encore des questions… et non des moindres !

Ils disent bien se connaître parce qu’ils ont fait du développement personnel avec des gens qui leur ont expliqué qui elles et ils sont ; ou après une thérapie dont l’un des leviers est justement de bien se connaître pour aller mieux.

Je pense notamment à la psychanalyse qui, si elle est intéressante de mon point de vue comme pratique intellectuelle, pose problème avec sa propension à creuser dans le passé, qui plus est toujours au même endroit, Papa et surtout Maman.

Je ne souhaite pas jeter toutes les psychanalyses avec l’eau du bain, certaines « cures » oui, ça s’appelle comme ça, ont des résultats probants. Mais je suis régulièrement surpris de constater l’écart entre bien se connaître et savoir bien s’orienter dans une vie accomplie ; car contrairement à une idée bien répandue, le premier n’est pas forcément nécessaire au second, ni suffisant. Voir néfaste j’y revient tout de suite.

C’est pourquoi j’ai choisi la Gestalt qui est un travail centré sur ici et maintenant ; quand j’aborde le passé avec un client c’est pour observer comment il intervient dans le présent ; de même pour l’avenir.
Pour aller plus loin, la somme des expériences que nous avons emmagasinées s’appelle en Gestalt le « Mode Personnalité » ; et si ce mode nous est précieux pour servir de base à de nouvelles expériences et aux progrès qui en découlent, il ne peut se suffire à lui-même ! C’est dans le présent et la nouveauté que nous allons poursuivre notre construction et non pas dans le passé et une connaissance statique de soi.

Retrouvons maintenant mes clients qui se « connaissent » si bien, à qui les efforts consentis pour en arriver là n’apportent plus de blocages que de réponses solides : je les vois osciller entre la tristesse du renoncement et la colère de l’impuissance !!

Et je remarque, souvent dès notre première séance, que cette connaissance d’eux-mêmes supposée exhaustive masque aussi ce qu’ils n’ont pas envie de montrer, ce qu’ils n’ont pas envie de savoir, ce qu’ils ignorent même tout à fait, bien tapi quelque part ; et qui les minent d’autant plus !! Ils restent figés dans leurs croyances, ne voient pas la poussière qu’ils accumulent sous le tapis de leurs certitudes et le mal que ça leur fait ☹

Et il est surprenant de voir comment un simple « vous êtes convaincu de ceci ou cela, c’est une vérité universelle pour vous, pour moi c’est une croyance », montre à quel point ces croyances sont fragiles ! Et aussi surprenant comment le champ des possibles s’ouvre tout à coup lorsqu’elles sont mises à jour !!
Autre possibilité, le client me montre, sans s’en douter, ce qui est jusque-là passé sous silence : changement de timbre de voix, de regard, émotion soudaine qui me percute… J’interromps alors son discours bien huilé, (en devant souvent m’y prendre à plusieurs reprises), et la belle construction prend un coup dans l’aile, laissant alors de la place pour du nouveau et du changement !

Pour finir, je dirais que ce que nous connaissons de nous a de la valeur. Mais considérerons-le comme un matériau évolutif et dynamique sur lequel nous allons nous appuyer pour vivre de nouvelles expériences, et mettre ainsi plus d’ancrage et d’harmonie dans nos vies.