Le Principe de Peter, suite… jusqu’au Burn Out ?

J’ai écrit dans mon billet précédent que le Principe de Peter était communément résumé par l’affirmation que l’efficacité d’une personne baisse sensiblement dès qu’elle a atteint « son niveau d’incompétence ».

Mais le fameux Principe de Peter énonce en fait que dans les organisations, et notamment les plus importantes, la grande majorité des personnes a des responsabilités au-dessus de leur niveau d’incompétence !! Et que si ces organisations arrivent néanmoins à évoluer, c’est grâce à la minorité qui qui dispose des compétences suffisantes pour leurs missions !!

Ce constat nous renvoie une image peu reluisante de nos organisations…

J’ajouterai pour ma part que ces grandes organisations, peu performantes alors, s’en sortent aussi car elles se situent sur un marché peu concurrentiel : dans les secteur Public ou Parapublic car en situation de monopole de fait, et dans le secteur privé car elles savent établir des barrières à l’entrée suffisantes pour éviter que la concurrence ne s’installe ou mieux qu’elles participent à un oligopole de fait.

Intéressons-nous maintenant à ces personnes, apparemment nombreuses à qui il est confié des missions qu’ils ne savent pas bien assumer. Comment vont-elles le vivre ?

Si elles font leur travail médiocrement et que personne ne leur signale, elles n’ont guère de raison de se stresser, et même de s’en rendre compte, à moins d’avoir un niveau d’exigence vis-à-vis d’elles-mêmes proche du masochisme.

En revanche, si leur environnement, et notamment leur hiérarchie leur font part de leur insatisfaction alors les ennuis surgissent.
Comment une personne peut-elle s’épanouir au travail alors qu’il lui est signifié que ce qu’elle produit n’a pas le niveau requis ? Voici les options qui me viennent en tête :
- Ne pas y accorder d’importance ; à défaut d’épanouissement elle vit dans sa bulle en attendant que ça se passe… le danger peut venir du fait qu’en apparence tout va bien, mais qu’en réalité la personne refoule sa souffrance. Le malaise sous-jacent est diffus, et à la longue et il se manifestera indirectement (somatisations, addictions…)
- Nier la situation avec l’option colère contre un environnement injuste, ou tristesse de victime… pas folichon non plus
- Accepter la situation et tenter d’y remédier : par le dialogue avec la hiérarchie pour recalibrer les missions. Ca ne marche pas à tous les coups mais ça se tente. On peut agrémenter la recette avec des actions (formation, coaching…) qui visent à élever le potentiel de la personne ; ça prend du temps, ce n'est pas gagné d’avance (voir mon billet précédent) mais ça peut aider et c’est un bon investissement personnel pour l’avenir
- Considérer que la solution est de s’impliquer et de travailler plus. Si effectivement la personne se la coulait douce, ça peut marcher, mais sinon le danger guette : travailler plus va alors engendrer de la fatigue, une moindre productivité, d’où plus de travail encore, moins de résultats, etc. et patatras... vous avez bien sûr reconnu le mécanisme du Burn Out !

Je recouperais volontiers ces réflexions avec les tendances actuelles ; dans le secteur public on a réduit le personnel pour faire des économies et chargé les postes restants un peu partout. La pression est donc montée d’un cran et la première option, devenir ce que l’on appelait un « rond de cuir », et de moins en moins possible. Dans le secteur privé c’est pire, les objectifs sont incessamment revus à la hausse, il est encore moins facile de passer entre les gouttes, les attentes s’élèvent… et les Burn Out fleurissent été comme hiver…

Je me rends compte que je viens d’utiliser un ton léger, en partie pour cacher ma tristesse devant cette situation. Aider des personnes qui se retrouvent dans ces situations pour s’en sortir par le haut (on y arrive !) fait partie de ma mission de coach ; mais j’aime aussi équilibrer ma pratique avec des personnes qui sont bien positionnées et que j’aide à se développer harmonieusement.

Pour mon prochain billet, je parlerai de ceux qui sont au-dessus de la barre, et souhaitent le rester ; à bientôt !