Les Nouv...eaux troubles

J'ai retrouvé hier soir un de mes anciens clients, appelons-le Philippe.

Philippe est un homme qui sort vraiment de l’ordinaire, un brillant créateur d'entreprise et un entrepreneur social qui réfléchit au sens qu'il donne à ses affaires.

Je l'ai accompagné il y a trois ou quatre ans. C'est un hyper créatif, et son rôle majeur sur le questionnaire TMS (voir mon billet d’humeur précédent) est fort logiquement celui de “Créateur Innovateur”, mais du style pur sucre!

Nous nous sommes retrouvés presque par hasard il y a quelques jours, et il me confie être motivé pour reprendre son accompagnement ; le premier sujet qu’il veut aborder est qu'il a été "diagnostiqué TDAH", ou atteint d’un "Trouble de l'Attention", avec option H pour Hyperactif, je ne me rappelle plus,  ... voilà ce garçon brillant et accompli qui se retrouve affublé d'un de ces nouveaux troubles à la mode, comme l’Hyperactivité (tout court), la Précocité, en passant par la Misophonie (allergie au bruit de la mastication)... et oui, ça existe, ça a été inventé en 2013, un certain nombre de spécialistes en vivent! Que ce soit de leurs recherches sur le cerveau, ou de pratiquer des traitements spécifiques...

J'ai grimacé et Philippe l'a repéré instantanément... paradoxal pour quelqu'un qui souffre d'un déficit de l'attention!!

Sa deuxième problématique est : “Mon Directeur Général est efficace, mon business va bien, , mais il faut que je me recentre dessus"

Je lui dis alors que tout ceci me semble intéressant et que ça me ferait plaisir que nous puissions travailler ça ensemble.

Il accepte avec entrain, nous prenons rendez-vous, et il me lâche au passage qu'il ne va pas aller consulter de médecin spécialisé tout de suite, et encore moins prendre des médicaments... alléluia!!!

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Il n'y a pas d'enfants hyperactifs, mais des parents d'enfants hyperactifs!

Vous l'avez compris, cette propension à mettre un nom sur certains comportements, avec de préférence un acronyme, me trouble... et j'y vois plusieurs risques :

- À laisser un spécialiste se focaliser sur un trouble, on alimente son fonds de commerce et il n'a guère de raison, ni de regarder ailleurs, ni même finalement d'aider à guérir complètement, la difficulté à lutter contre "cette" maladie prouvant à quel point il est important et utile!

 - A réduire quelqu'un à un trouble on passe plus facilement à côté d'autres facteurs qui pourraient être tout aussi ou plus importants.... par exemple le stress causé à l'enfant dit hyperactif par ses parents... j'ai d'ailleurs l'habitude de provoquer en disant qu'il n'y a pas d'enfants hyperactif s mais des parents d'enfants hyperactifs!!

Comme dans une autre variation sur le même air, voici cet homme atteint de Misophonie que j'ai rencontré récemment: il déjeunait en notre compagnie avec sa fille de 15 ans, et a encombré une partie du repas à nous raconter comment elle (qui ne soufflait mot) était difficile sur la nourriture, et l'autre à lui demander si ce qui était dans son assiette lui plaisait ou anticiper ce qui allait lui plaire ou non.

Je lui ai alors confié que pour moi il n'y avait pas d'enfants difficiles pour la nourriture mais des parents d'enfants difficiles..!! Il a compris le message, fichu la paix à sa fille qui mangeait ce qu'il y avait dans son assiette tranquillement, avant de nous parler de sa Misophonie quelques minutes après!! Cherchez l’erreur..!

Ce que j'apprécie particulièrement dans la Gestalt, c'est que nous nous intéressons à la singularité de la situation, pas à des présupposés ou à coller des étiquettes sur le dos des gens, avant de les "soigner" avec des outils prêt à l'emploi... Nous travaillons à l’opposé, dans l'ici et maintenant, en regardant au plus large ce qui se passe chez le client, et ce que cela fait au praticien aussi.

Ainsi au lieu de se focaliser sur tel ou tel supposé “problème” ou “maladie” nous abordons la personne dans son ensemble, dans sa singularité, et voyons ce qui se passe alors; ce qui n’exclut pas de faire appel à un psychiatre lorsque nous estimons qu’un trouble devient inquiétant pour notre client ou son entourage, mais ceci arrive dans une petite fraction des situations.

Retour sur Philippe: sa demande sort comme nous l’avons vu du cadre du coaching professionnel, tout en s’y rattachant par son manque de motivation pour le “business”.

Plutôt que de me focaliser sur une de ses demandes ou l’autre, je vais m’efforcer d’intégrer ces manifestations comme faisant partie d’un tout, en y ajoutant ce qui viendra de Philippe lors de notre première séance.

Nous pourrons ainsi travailler sur des couches plus profondes dont les éléments qu’il amène ne sont justement que des manifestations, remuer ou secouer le tout ensemble, ce qui lui permettra d’aborder les choses différemment et de faire du neuf.

Et pour aboutir où?

Justement je ne sais pas, c’est la beauté du sport!!

Mais j’en reparlerai dans un proche avenir ;)