Préférences et Introjections
Pour la livraison de cette semaine, plus de commentaires sociétaux, restons dans l’accompagnement, et ici pour beaucoup dans l’accompagnement professionnel!
J’utilise depuis 20 ans un questionnaire avec mes clients, élèves et collaborateurs, le questionnaire TMS.
Tout d’abord c’est bien un questionnaire et non un test, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de bonnes et de mauvaises réponses, juste celles que chacune et chacun donne aux 60 questions qui portent sur ses préférences au travail. Ceci dit, l’habitude d‘être évalué est tellement présente chez ceux qui répondent à ce questionnaire qu’il est difficile d’ôter de leur esprit que ce n’est pas un test!
Toujours est-il que c’est aujourd’hui le seul outil que j’utilise encore, m’étant éloigné depuis longtemps du coaching professionnel “type boîte à outils”. Je frémis d’ailleurs quand j’entends certains de mes confrères mettre en avant leur propre boîte à outils; pour moi un client est une personne dans toute sa complexité, et pas une mécanique!! Et bien sûr ma pratique de la Gestalt, qui se concentre sur la singularité de la situation, ici et maintenant, entre le praticien et son client se trouve-t-elle bien éloignée de la réparation mécanique!
Mais je n’ai pas pu me défaire du TMS, tant il apporte un angle de vue précieux et constructif.
En effet le questionnaire repose sur les préférences au travail, avec l’idée de fond que plus une personne travaille dans son domaine de préférence, plus elle est efficace; et plus elle est efficace plus elle a de succès… et ainsi de suite!
Le TMS donne lieu à un traitement automatisé des réponses et positionne chacun sur le type de rôle qu’il est censé préférer, par exemple “Créateur Innovateur”, “Propulseur Organisateur”, “Contrôleur Inspecteur” etc.
Après 20 années d’utilisation, je constate que les résultats de ce questionnaire sont toujours constructifs et inspirants! Les clients se reconnaissent généralement bien dans les quelques 20 pages de compte-rendu, et le travail que nous entreprenons à partir de ces résultats correspond bien à ma vision de l’accompagnement: qui est de privilégier ce qui plait à mon client, ses appétences par rapport à ses compétences! Dit autrement, l’épanouissement d’abord, la “carrière” ensuite!
Les deux peuvent d’ailleurs se conjuguer, comme je l’ai déjà dit plus haut: travailler dans son domaine de préférence permet invariablement d’être plus efficace et de progresser, tout en prenant plus de plaisir dans son activité professionnelle! C’est donc fromage ET dessert au menu!
J’inclus donc presque systématiquement le TMS dans l’accompagnement de mes clients, ce qui va d’ailleurs dans le sens du fil rouge professionnel que je me suis fixé pour mes interventions.
Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes si chacun alignait ses activités avec ses préférences. Mais c’est loin d’être toujours le cas, et cela devient donc une source de multiples difficultés!
J’ai vu ainsi nombre de mes client persister dans une fonction qui ne correspondait pas à leurs préférences, avançant pour ceci des explications, ou plutôt des justifications aussi nombreuses que variées et peu convaincantes... Aussi pour progresser devons-nous nous attaquer à la source de ces justifications: et à cet endroit l’apport de la Gestalt me permet de transformer un coaching professionnel avec ses limites en un accompagnement plus en profondeur qui offre de réelles opportunités de progrès.
Introjecter, c’est avaler (tout cru) des concepts, des idées, des valeurs sans les digérer
C’est à ce stade que le terme Gestaltiste d”introjection” va nous être utile; qu’est-ce-que l’introjection?
Introjecter, c’est “avaler (tout cru) des concepts, des idées, des valeurs sans les digérer”. Or nous vivons tous sous l’influence, plus ou moins présente, du cadre rigide de nos introjections, notamment d’origine familiale.
Côté positif, les introjections sont nécessaires par exemple pour arriver à vivre en famille ou en en société. Côté négatif, elles entraînent une perte de spontanéité et de créativité en nous rendant prisonniers des « il faut… je dois… ça ne se fait pas… je suis obligé… ».
Et c’est à ces introjections “bloquantes” que nous allons nous attaquer avec mes clients. Comment?
En les mettant à jour tout d’abord, puis en permettant au client de faire la part entre ses choix conscients et assumés et ceux qui sont plus de l’ordre du réflexe. Dans ce dernier cas émergent des phrases toutes faites comme “dans ma famille on ne fait pas çà…”, “être créatif ça n’est pas sérieux…” ou au contraire “si j’accepte de finaliser le travail des créatifs je passe pour leur esclave…”.
Une fois pris conscience que certains de les choix du client tiennent plus du pilotage automatique que de l’expression de sa propre volonté, nous entamons alors une phase plus ouverte et créative en “déminant” le poids des introjections.
Nous pouvons alors élargir le champ des possibles, puis envisager plus sereinement les moyens d’arriver à une meilleure concordance entre ses préférences et ses rôles; et, enfin, à plus de réalisation de soi et d’épanouissement!!