"Passer à côté de sa vie" anti mode d'emploi

Deux personnes, jeunes, sont venues à mon cabinet cette semaine; le récit de leurs difficultés m’a profondément touché, et motivé pour rédiger ce billet.

La première, petite trentaine, issue d’une grande école de commerce, me parle douloureusement du début de cette “carrière” à laquelle elle tient, à laquelle elle s’accroche…

Le second, encore étudiant en finance, ne se reconnaît pas dans les plans qu’il a pourtant échafaudés, à la lumière des discours dont il est bercé…

Un peu d’analyse…

… commençons par un touche de sémantique
Après plus de 30 années comme dirigeant d’entreprises et presque autant dans le Coaching Professionnel, j’ai remarqué que très souvent l’utilisation du mot “carrière” reflète la projection d’une activité professionnelle qui serait disjointe de la vie; à la différence du terme de “vie professionnelle” par exemple.
Pas très étonnant donc que la jeune femme dont j’ai parlé plus haut, après m’avoir parlé se sa “carrière”, m’ait confié son impression de “vivre à côté de sa vie”

… et sortons de la naïveté
Une armée a besoin de soldats qui obéissent et d’officiers pour faire appliquer les ordres venus d’en haut.
Le système capitaliste occidental aussi a besoin de soldats; et les grandes organisations, pour survivre, d’officiers zélés qui transmettent les directives; ces organisations ne lésinent donc pas sur les moyens pour les recruter et garder: rémunérations élevées, prestige, pouvoir (ou illusion du pouvoir); et lobbying appuyé dans les écoles d’officiers !
Ce lobbying est d’autant plus efficace qu’il se situe dans un environnement sociétal qui met aussi les “officiers” à l’honneur avec, par exemple, un train de vie qui montrera aux autres leurs (supposées) réussite et supériorité; sans oublier aussi l’environnement familial qui, dans les classes dites supérieures, prédispose ou inculque ces mêmes critères de réussite, au détriment des aspirations personnelles de leur progéniture.

La différence notable entre notre monde du travail et l’armée est que nous ne sommes pas en guerre, et que la conscription n’est pas obligatoire ! Ceci laisse plus de choix pour ceux qui veulent reprendre leur vie en mains !

Comment j’aide mes clients à reprendre leur vie en mains

Pour ceux donc qui ne veulent pas rentrer sur l’autoroute tracée pour eux ou voient la nécessité d’en sortir, il s’agit de trouver des voies alternatives; qui demandent du courage puisque, comme le chantait Brassens, “les braves gens n’aiment pas… qu’on suive une autre route qu’eux”.
Ce courage devra s’appuyer sur un ancrage solide, c’est là que le Coach peut aider !

1) D’abord, au travers d’une exploration professionnelle ET personnelle qui mettra en relief que les deux aspects de la vie du client sont corrélés, qu’un mouvement sur l’un entraînera un mouvement sur l’autre et vice-versa; ce travail lui permettra d’envisager et d’assumer sa vie comme un tout;

2) Cette exploration nous permettra aussi de faire émerger certaines croyances du client (il faut savoir se sacrifier pour obtenir ce qu’on veut après, c’est mieux de débuter dans une entreprise prestigieuse, etc.), ces vérités qu’il tient pour acquises, pas bien étayées mais qu’il ne remet pas en question; et qui l’ont conduit tout droit dans sa situation et l’empêchent de trouver les moyens d’en sortir. Ces croyances une fois sorties de l’ombre où elles étaient tapies, nous travaillerons à les déconstruire.
Et lorsque mon client aura pris de la distance avec elles, il activera plus facilement sa créativité pour trouver de nouvelles voies restées, elles aussi, dans l’ombre.

3) Avec ce travail sur les croyances j’aurai déjà utilisé la Gestalt; mais notre exploration mettra aussi à jour des blocages, ou résistances (c’est impossible pour moi de démissionner, je me sens obligé d’accepter une mission si on me le demande, etc.) où un travail plus profond, explorer les mécanismes à l’oeuvre et notamment les émotions qui apparaissent à l’occasion de ces blocages, sera indispensable pour que mon client aille de l’avant.

J’aime bien activer en alternance ces trois axes de travail : la remise en cause nécessite pour le client un temps d’assimilation, et clore provisoirement un sujet permet d’en ouvrir un autre le temps que cette assimilation se fasse.

J’aime aussi aborder dans ces séances des aspects plus pratiques qui mèneront le client à expérimenter entre deux séances, ce qui viendra enrichir notre travail lors de la prochaine séance.

Ces prises de conscience d’un côté et ces expérimentations de l’autre lui permettront d’ancrer ses choix et ses actions dans des convictions qui partiront vraiment de lui, et plus comme précédemment en fonction de ce qu’on attend (ou attendait) de lui !

Un dernier mot : la voie de la libération de tous ces freins à notre épanouissement est progressive, semée d’obstacles à contourner ou surmonter; mais le voyage en vaut vraiment la peine !!